Au bord de la Mortagne N°54


Au revoir Georges !

« Quand je serai en retraite, je viendrai avec vous ». Georges Chevrier visitait l’exposition consacrée au cinquantième anniversaire de la Libération de la ville de Rambervillers. C’était en octobre 1994. Assis à une table de lecture, il lit avidement les témoignages recueillis pour cet évènement. Les hommes qui ont pris la plume, il les connaît, il les a côtoyés, il a pour eux beaucoup de respect. Ils s’appellent : C. Martinato, H. Lefèvre, R. Mathieu, M. Constantini, S. Marotel, J. Vartier, Lili Vouaux et bien d’autres.

Alors, à son tour Georges parle… Les souvenirs se bousculent, particulièrement celui qu’il garde en mémoire lorsque, depuis sa chambre d’adolescent, il vit la colonne de l’armée américaine arriver de Vomécourt. De sa citadelle dans cette maison de maître, le château de la Gouvernel, transformée en appartements, il observe. Cinquante ans après, il a lui aussi des souvenirs très précis. Georges n’est pas encore en retraite, il est premier magistrat de la commune (1989-1995). Pour sa mémoire, pour la connaissance parfaite de sa ville et de ses hommes, son ami Guy Saint-Dizier, rédacteur de cette revue, ne le lâche pas. D’ailleurs à chaque parution de la revue, ces deux-là en font un cérémonial. Ils se voient et se racontent. Georges, sportif, grand organisateur et rassembleur dans le monde de l’athlétisme va-t-il nous arriver ?... Au terme de sa vie municipale, il œuvre dans d’autres activités. Mais pour sa ville qu’il aime tant, pour son histoire et son patrimoine... il nous rejoint.

Il évoque souvent ses souvenirs d’enfance. Originaire du Thillot, le village, sa mine, son école, il a déjà l’art de raconter la vie d’un enfant de la montagne. La dureté du monde du travail en usine forge son caractère, oriente ses engagements. L’ascension sociale par le travail est son Credo. Il construit sa personnalité auprès de Pierre-Louis Maître et devient son confident.

Dès 1998, il s’assoit à notre table de réunion, mettant à notre disposition ses relations et son énergie. Il plonge aussi dans des dossiers pour les uns et les autres, c’est un homme très méthodique. Il travaille très souvent à sa machine à écrire ; les choses ne doivent pas traîner, il retourne avec plaisir dans les archives de la ville. Il prépare avec l’Atelier Arts et Histoire deux évènements dont il fut l’un des architectes :

-  30 septembre 2004, l’association a conscience de l’impérieuse nécessité de rassembler les derniers témoins de la Libération de la ville de Rambervillers. Pour le soixantième anniversaire, Georges sera acteur de cette célébration. Sous le regard de cinq-cents personnes réunies à la Maison du Peuple, il témoigne. Deux générations captivent l’assistance. Marie-Thérèse Levent, résistante à 15 ans, et Georges Chevrier sont réunis par leurs souvenirs. Philippe Alexandre et Jean-Claude Kempf, historiens reconnus de cette période, sont les témoins vivants d’une histoire qui se transmet.

-  1er décembre 2012, Georges souhaite faire don au Musée du portrait de P-L. Maître qui lui avait été offert par Jean-Pierre, le fils de ce dernier. Il veut le déposer en toute discrétion. Prévenus à son insu, ce sont plus de quatre-vingts anciens de l’entreprise qui s’invitent à ses côtés. Pour ces instants ultimes, ils sont redevenus « les Maître ». L’émotion se lisait dans les regards, chacun, avec la famille, conscient de la rareté de ces moments qui allaient vite basculer dans les souvenirs.

Très attaché à la vie de son entreprise, il en cultivait la mémoire. Une activité industrielle qui rayonna et fut la fierté d’un savoir-faire pour ceux qui y travaillaient. En l’absence de P-L. Maître, Georges Chevrier est devenu l’historien d’une aventure industrielle qui durera pour lui de 1939 à 2003 et se prolongera dans ses souvenirs jusqu’à la fin de ses jours. Par son goût de l’histoire, il protègera de la destruction une partie des archives de l’entreprise, patrimoine industriel à conserver.

Il devait écrire sur une de ses convictions qu’il partagea autrefois avec un petit nombre de ses concitoyens  entraînés par P-L. Maître : l’économie distributive. Cette théorie utopique (?) mérite encore de nos jours de se faire connaître, juste pour un clin d’œil à la jeunesse de Georges.

En attendant, vous pouvez le retrouver en lisant les articles qu’il a publiés dans notre revue : N° 42 - Sur les routes de France, juin 1940  ; N° 42 - Réfractaires en forêt ; N° 44 - Pierre-Louis Maître ; N° 48 - Des usines et des cités ; N° 49 - Les Établissements Maître et la Résistance.

Merci Georges d’avoir eu la patience de vivre avec nous de longues soirées. Je vais vous dépeindre, vous résumer par une marque de votre caractère, en empruntant un proverbe japonais : « Le bavardage est l’écume de l’eau, l’action est une goutte d’or ».

Marie-Claude Ferry




  • ACTIVIT
    ÉS-INDUSTRIES................................................page 5 

    • La « Belle Époque » du flacon à parfum de luxe. 

    Délocalisation de l'esprit « Baccarat » à Rambervillers...................... 5 
    Marie-Hélène Saint-Dizier 

    Pâtisseries d'antan et d'aujourd'hui à Rambervillers.......................... 15
      Marie-José Chaumont 

    • Souvenirs de la Manufacture des grandes orgues de Rambervillers..  18
    Jacques Tantin

    HISTOIRE - TÉMOIGNAGES................................................ page 21 

    • Comme si c'était hier... !................................................................... 21
    Fernand Grosjean

    • 1815-2015 : d'une commémoration à l'autre. À Sainte-Barbe,
      la mort glorieuse de deux jeunes gens du village.............................. 25
      Nicole Fick-Michel

    PATRIMOINE..............................................     page 31 

    • Découverte de la Tour d'Anglemein................................................. 31
       Isabelle et Philippe Leroy 

    • Des rives du Nil aux bords de la Mortagne....................................... 38
      Marie-Claude Ferry 

    • La Mortagne, ses hommes et ses moulins......................................... 42
     Paullette Marcolet 

    BIOGRAPHIES - PORTRAITS.......................... page 47 

    • Quand nos faïenciers exportaient leur savoir-faire........................... 47
      Guy Marin 

    Les docteurs Lahalle de Vomécourt................................................. 51
     Jean-Claude Datnidaux

    PÊLE-MÊLE.................................................... page57 

    • Don au Musée : le buste d'Alphonse Mougeolle............................... 57
      Anne-Marie Colin 

    • Les grès flammés résistent ............................................................... 58
     Marie-Claude Ferry 

    Les dernières acquisitions au Musée............. page 59

Vous pouvez vous procurer les numéros des années passées en vous présentant au Musée les jours d’ouverture.

Sur demande : à Monsieur Bernard MOREL, 44/46, Faubourg de Charmes 88700 RAMBERVILLERS Tél. : 03.29.65.43.69 

TARIFS

Numéros anciens

n° 1 à 39.......................................................................... 3 €

n° 40 à 49........................................................................ 5 € 

Numéros récents

n° 50 (Spécial 500 ans église Ste Libaire).................... 10 €

n° 51 à 55.................................................................. 7 €

Frais de port en sus pour un exemplaire : ....................... 6 €

Musée de la Terre 1, Rue de la Faïencerie 88700 Rambervillers +33 (0)3 29 65 05 03


Jours et horaires d'ouverture Le Musée est ouvert au public de 14h30 à 18h tous les jours (sauf le mardi) à partir de début juillet, lors de l’inauguration de l’exposition temporaire annuelle, jusqu’à la fin de la 2ème quinzaine de septembre.


Tarifs Entrée : 4€ Tarif réduit : 1€  de 11 ans à 18 ans Gratuit pour les enfants de moins de 11 ans Retrouvez-nous sur